30/01/2013

J'ai dormi dans la savane


Je suis arrivée au Kenya il y a quelques jours et je pensais avoir eu ma dose de surprise… Honnêtement, depuis le début de mon voyage, je n’ai vu que des choses improbables (des girafes au petit dèj, des rhinos à l’apéro…) mais c’était sans savoir ce qui m’attendait.


Départ vendredi matin du super lodge où nous étions, situé dans la région de Laikipia (près du Mont Kenya et de la Chaîne des Aberdares) pour cette fois rejoindre une région plus au nord appelée Samburu. Après une balade en vélo très matinale (6h du mat’) dans le bush près du lodge, c’est parti pour 30 mn de vol dans un Caravan de 12 places privatisé pour nous… hmm… j’avais testé les petits avions de 6 places pour voir les lignes de Nazca au Pérou, bah c’est à peu près le même délire : tu as l’impression de voler dans une boîte de conserve. Le décollage et l’atterrissage se font tout en douceur, mais la demi-heure de vol à basse altitude n’est pas franchement plaisante (passages de couches d’air, hauts le cœur etc). Nous arrivons sur la piste « de brousse » la plus proche, tout de même située à une heure de route du lodge. Et quand je dis route, je ne veux pas dire route asphaltée, mais route de brousse, Land Rover ouverte et compagnie. C’est assez sympa cela dit, même s’il faut faire attention de ne pas te bouffer une branche d’acacia dans la tronche toutes les 3 secondes (il y en a partout, c’est une malédiction, et leurs épines sont tellement piquantes et longues qu’elles traversent la semelle des chaussures !).

Nous faisons dans le même temps connaissance avec notre guide local, Eric, appartenant à l’ethnie Samburu (cousine de la très connue ethnie Maasai, présente plus au sud du pays). Alors Eric est tout le temps vêtu de la tenue traditionnelle, qui est pleine de symboles et de significations. Mais je dois avouer qu’au début j’étais sceptique et j’ai réellement cherché à savoir si ces ethnies s’habillaient toujours réellement comme ça de nos jours, ou si c’était pas juste un truc folklo monté pour les touristes : et bien non, c’est sa tenue de tous les jours, sans aucun doute, et il en est de même pour tous les autres de son ethnie que nous croiserons sur les pistes les jours suivants.



Nous arrivons au lodge. Impressionnant. Tout est décoré dans un style africain-oriental,  dans un esprit swahili-somalien de super bon goût… J’adore. Du bois sculpté, des coussins colorés, du blanc, du turquoise… Chaque chambre a une plunge pool privée, le luxe total dans cet environnement sec et désertique du nord du Kenya, et chacune a une vue imprenable sur la savane et la rivière en contrebas. Honnêtement, j’étais époustouflée par le décor, et comme je savais que nous restions 3 nuits ici je me suis dit : « Yeyyy !!! ».






Première activité de la journée en milieu d’après-midi (en général on profite toujours du lodge pendant les heures les plus chaudes de la journée, quand les animaux font la siesta) : nous partons pour une marche ! Et oui, le truc génial dans cette région du Kenya, un peu comme la balade en vélo à Solio, c’est qu’il y a plein d’activités originales possibles qui changent du Game Drive habituel en Land Rover : safari à dos de chameau, quad dans certains lodges, pêche, marche etc.
Nous partons donc avec nos guides (fusil à la main, quand même). On traverse des lits de rivières séchés (trop beau), on observe du caca d’éléphant au passage, puis du caca de hyène. Le caca de hyène ressemble à des petites boules blanches aussi dures que de la pierre. En effet, les hyènes sont les seuls carnivores qui mangent tout de leur proie, c'est-à-dire la viande mais aussi les os qui sont à l’origine de cette couleur et de cette consistance blanche. Intéressant.




On passe des centaines d’acacias épineux. L’environnement est vraiment aride, inhospitalier, brûlant de chaleur. Au loin se dessinent des kopjes, ces espèces de grosses falaises de pierre au dégradé ocre. Le but de la marche est justement de monter sur ce gros cailloux là bas, et de profiter de l’apéro au soleil couchant sur son sommet. Nous y arrivons : vue imprenable sur la savane, sur les falaises alentours. Sur la route, nous aurons vu au loin deux hyènes courir dans les plaines alors que nous approchions. Nous qui craignons tellement ces animaux, c’est pourtant eux qui détalent quand nous arrivons, quoique l’on dise… Apéro mémorable au sommet de ce gros « rocher »...



Alors que nous profitons du moment comme il se doit, notre guide à la merveilleuse idée d’installer notre camping prévu pour le lendemain sur ce même rocher, à la place des abords de la rivière où il était prévu que nous passions la nuit (passer la nuit dehors est une activité à part entière dans cette région du Kenya). Tout le monde est ok, la vue est magnifique et nous pourrons profiter pleinement de la pleine lune depuis le sommet. C’est une première pour le lodge : jamais un sleep out n’a été organisé sur ce rocher. Youpi.

Nous rentrons au lodge pour notre première nuit. Je me fais escorter jusqu’à ma tente par un garde armé. Bon, entendons-nous bien, il s’agit d’une tente relativement moderne, protégée par un toit de chaume… Rien à voir avec la tente depuis laquelle je vous écris là ce soir ^^
Je m’endors avec les bruits de la savane, sous ma moustiquaire… puis je suis réveillée à 4h du mat’ par un bruit dehors, tout près de ma tente. Je suis sûre d’entendre des pas, lents, posés, discrets. J’entends des grognements aussi… Impossible de savoir quel animal se promène près de ma tente. Et je n’ose bien sûr pas aller dans la salle de bain qui donne littéralement sur extérieur, ouverte sur la falaise (et j’ai grave envie de pisser à ce moment là, of course). J’entends des branches qui craquent, des pas, encore des pas… J’ai appris le lendemain matin qu’il s’agissait d’un éléphant, ouep, rien que ça. On l’aura même vu se baigner dans la rivière un peu plus bas dans l’après-midi.  Concrètement, ses traces de pas se trouvaient à 2 mètres de ma tente. Ouai.


Au matin très tôt, après cette nuit agitée, visite du village Samburu le plus proche, appelé Sasaab. En général je n’aime pas, mais alors pas du tout les visites de village. C’est glauque, t’es mal à l’aise, tu observes et tu te sens observé, tu ne sais pas si tu es le bienvenu… Ici, tout était complètement différent. En fait, le lodge travaille en partenariat avec ce village, et sans trop vouloir rentrer dans les détails, une grosse partie des bénéfices du lodge servent à financer des projets, soigner les gens du village etc. Résultat, la visite est super intéressante, les gens sont accueillants (sans en faire des tonnes), ouverts à te montrer leur mode de vie quotidien, et quand en plus tu te promènes avec un guide qui appartient lui-même à l’ethnie Samburu… bah… c’est super intéressant !






Petite claque cela dit : les maisons du village sont juste tout ce qu’il y a de plus basique. En terre cuite et branches, basses, une ou deux « pièces » à l’intérieur, quelques objets dans les coins, des bâches sur le dessus pour protéger de la pluie et that’s it. Tu te dis : bon, le guide qui lui travaille au lodge, qui a vu ce qu’est un hôtel de luxe, comment peut-il juste accepter de rentrer le soir vivre dans ces conditions ? La réponse : c’est son mode de vie, il y est habitué, l’accepte. Cependant, grâce à ces études et à son travail, il a pu s’offrir une maison en pierre dans un autre village à côté, certainement très rustique comparée au lodge mais sans aucun doute plus confortable que ces maisons en terre…
La tribu Samburu n’est pas vraiment nomade, mais pas totalement sédentaire non plus. Ils ne cherchent pas à s’installer dans un endroit fertile puisqu’ils ne cultivent pas. Leur seule richesse et leur troupeau de brebis et leurs quelques chameaux. Leur alimentation se résume à 3 substances principales : du lait de chèvre, du sang (de chèvre) et de la viande (de chèvre). That’s it. Tous les jours, toute l’année (surtout pour le lait et le sang, et  plus rarement pour la viande). Et là tu te dis : purée… Pourtant, les enfants ont l’air en forme et en bonne santé… C’est quand même dur à croire… -_-
Retour au lodge vers 9h du mat’ pour petit-déjeuner properly. Puis là nous avons le choix : soit on glande au lodge jusqu’au milieu de l’après-midi avant de rejoindre notre camping (bien gentiment installé pour nous pendant que nous étions en visite au village), ou bien on part faire une petite rando sous le cagnard… Let’s go for a walk then ! Motivée, je pars avec une autre fille du groupe et nos guides, les 4 autres agents de voyage trop flemmards pour nous accompagner… Pfff ! Super marche, on aura escaladé (littéralement) un autre rocher plus loin avant de prendre des jolies photos :) Et on aura même croisé au passage des Grevy’s Zebra et des Gerenuk, endémiques de cette région du Kenya.




Retour au lodge pour le déjeuner vers 13h30, et glandage dans ma chambre près de la piscine l’après-midi… J’ai surkifféééé :) Comment ne pas, en même temps ?







Départ vers 16h en direction de notre fly camping. Et à notre arrivée au sommet du rocher où nous étions la veille… : tadaaaaa ! Je vous laisse voir les photos…
Apéro, chaises pliantes, tentes-moustiquaires, table dressée pour le dîner : tout ça sur un rocher surplombant la savane, avec une voûte céleste étoilée au dessus de notre tête et la pleine lune qui éclairait tout aux alentours… Il s’agit de la première véritable nuit où j’ai dormi comme un bébé (passé le décalage horaire + les éléphants qui marchent près de la tente). C’était magique. La musique dans les oreilles je regardais les étoiles sous ma tente, après avoir dîné un délicieux curry dans ce lieu improbable… Avant de s’endormir, on aura entendu des babouins aboyer et des hyènes ricaner au loin. Fantastic.





Lever très tôt le matin de nos moustiquaires pour observer le lever du soleil du sommet du rocher, un café ou un thé à la main. Tout le monde aura merveilleusement bien dormi, avec cette brise constante qui nous rafraichissait toute la nuit.



Après cette expérience de folie qui restera un de nos moments forts à tous, nous repartons au lodge puis en direction du Samburu National Park pour une journée complète de Game drive un peu plus traditionnelle mais néanmoins époustouflante : girafes, gerenuk, guépards, impalas… et des dizaines et des dizaines d’éléphants qu’on aura approché à quelques mètres.
 
Alors, toujours pas stupéfaits ? Je vous propose d’attendre la suite dans ce cas… :)










2 commentaires:

  1. Coucou!

    Je viens de découvrir ton blog, je le parcours depuis, il est super et cet article m'a fait rêver!

    Mel

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  2. Coucou ! Il n'y a rien de plus hors du temps que la savane... :) Merci pour ton commentaire, et bonne lecture !

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