A pied dans le désert Namibien

C'est la dernière étape de notre roadtrip en Namibie. Jusque là, c'était un peu fou ce voyage, irréel par moment, un peu merveilleux. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre pour cette dernière experience namibienne, je sais juste que j'ai réservé un des treks les plus demandés de la région, et qu'on va dormir a la belle étoile, dans le désert...

On part donc du Namib et de notre super lodge pour 2 nuits into the wild. C'est ce que j'appelle un "mini-trek" : pas de dénivelé, voire très peu, 3 à 6h de marche par jour et la rando dure 3 jours. Easy, donc. C'est pas Mafate quoi... (pour ceux qui ont loupé l'episode "rando à Mafate pour mourir", c'est par ici que ça se passe). Le trek va se dérouler dans la réserve privée du NamibRand, à environ 2h de route plus au sud. Le NamibRand, ce n'est plus vraiment le désert du Namib, même si la réserve en question longe toujours le désert. Il y aura donc des similitudes, mais nous voilà à peine partis sur la route qu'on constate un changement de paysage. Déjà, des montagnes. Et puis ensuite, la couleur qui caractérise je crois le mieux ce bout de désert perdu de l'Afrique : le bleu. Oui, on aura vu des étendues jaunes, rouges, mais là c'est véritablement des taches bleutées qui flottent sur le sol aride du désert... En quelques minutes de route, je sens qu'il s'agit d'un condensé de tout ce qu'on a vu de mieux pendant ce voyage... Du sable rouge, des montagnes arides, des touffes d'herbes vertes et presque blanches, et maintenant cette végétation qui donne au paysage cette teinte bleutée. 

On arrive à la ferme Tok Tokkie, point de départ du trek. On gare notre voiture sur le parking à l'ombre. A quelques mètres de la ferme seulement, des troupeaux d'oryx. C'est presque flippant. Ils sont des dizaines et des dizaines, on en a jamais vu autant regroupés au meme endroit ! Et inutile de préciser qu'ils ne sont pas domestiqués, ils sont juste tous réunis au même point d'eau. On rencontre les autres participants qui partageront ces quelques jours de trek avec nous : 6 français. Ahhh les français et la rando... ! On rempli les gourdes, on prépare notre sac pour 3 jours et c'est parti ! 

D'abord en 4x4 jusqu'au point de départ. La voiture cale sur la route. Bon, bah, le chauffeur va se débrouiller pour pousser la voiture en sens inverse, et nous on démarre la rando plus tôt que prévu ! Premiers pas au ralenti sur le sable du NamibRand. Comme déjà évoqué, la marche sur le sable, c'est pas le plus simple, mais le terrain est relativement plat, donc ça va. Premier face à face avec la végétation désertique, qui dans cette zone, est omniprésente. Contrairement au désert du Namib et ses grandes dunes rouges, ici il y a des buissons partout ! Des buissons avec des épines, des buissons avec des aiguilles qui pointent, des scarabées, des traces de vie en tout genre sur le sable, des nids d'oiseaux démesurés qui pendent sur les branches des arbres... On fait attention où on met les pieds. Y'a même des serpents. Mais on en aura pas vu. 

Les couleurs de l'après-midi sont une fois de plus magnifiques, encore plus ici. On se rend bien plus compte de notre petitesse à pied. Surtout qu'on évolue au milieu des oryx et des zèbres, que l'on observe prudemment, à quelques mètres de nous. Et après ces premières 3h de marche, on arrive au camp... Impossible de le repérer au loin tellement il se fond parfaitement dans la nature environnante. On prend possession de notre coin "chambre", un lit de camp à même le sable, une poche en toile avec de l'eau pour se débarbouiller, et un banc. Et cette VUE. De dingue. Y'a même des toilettes sèches au loin, dans une petite cabane dans la nature, avec un petit panneau rouge à lever pour la discrétion :) On continue la visite du camp, avec sa cuisine de compèt' et sa table dressée pour le diner. Et même la douche, la fameuse bucket shower ! En fait, seule la structure de bois qui entoure la "cuisine", le coin "douche" et les toilettes sèches restent sur place après la rando (il s'agit d'un camp semi-permanent), et tout le reste est démontable. C'est donc parfaitement écolo et en plus la team s'assure de bien tout nettoyer en partant pour ne pas que les babouins s'installent :)

Le soir, après le diner, notre super guide Sebastian nous a donné une petite leçon d'astronomie : inutile de vous décrire ce qu'est un ciel étoilé en plein désert, en Namibie, dans un endroit où la pollution lumineuse est de zéro et où le ciel est dégagé en permanence. C'était fou. On a appris à repérer les constellations, et à observer leur déplacement dans le ciel au fil de la nuit. On en a pris plein les yeux : le Scorpion, la Grande Ourse, Vénus, Saturne, Alpha du Centaure, la Ceinture d'Orion... des noms magiques qu'on a tous déjà entendu une fois dans sa vie mais qu'on a pas toujours  eu la chance d'observer dans ces conditions. Le NamibRand fait d'ailleurs officiellement partie de la liste International Dark Sky Reserve.

On s'est endormi en regardant les étoiles. On s'est réveillé plusieurs fois dans la nuit, parce que c'est étrange de dormir dehors. On a eu envie de faire pipi aussi, donc on a marché dans le désert en priant de ne pas croiser le démon Oryx sur notre chemin vers la cabane. Et on s'est réveillé le matin, très tôt. On nous a apporté un cafe au lit. On a pris en photo notre tête au réveil. On s'est habillé chaudement pour aller prendre le petit dej. On a lu le "journal du matin" dans le sable. On a compris qu'un criquet géant s'était baladé autour de notre lit pendant la nuit. On a replié nos sacs et on est reparti. Cette deuxième journée de marche a été longue. Parce que chaude. Les dernières heures de la matinée étaient assez dures. Au contraire de la veille, on était envahi de mouches. C'est la chaleur il parait. On est passé au dessus d'une montagne. On a fait une pause dans un camp "abandonné" en plein désert, où il y avait juste un abri en tissu troué, des chaises pliantes, et une mallette déposée là, plus tôt, par je ne sais qui, avec des sandwichs, des parts de quiche et le meilleur coca jamais bu de toute mon existence (ou presque) ! On a ensuite fait la sieste sur les transat' à l'ombre, et on a attendu le milieu de l'après-midi pour continuer notre chemin jusqu'au prochain camp. 

Le dernier jour, au cours de la marche, on a fait une halte au centre NaDeet, une école construite en plein désert, qui reçoit, sur le même principe qu'un camp de vacances, des classes d'école pour une semaine pédagogique : comment réduire sa consommation en eau, comment recycler ses déchets et créer des combustibles et du compost, comment faire cuire des aliments dans des fours solaires etc, etc. Les fours solaires c'est un truc assez fou : en gros, ce sont des caisses hermétiques avec un couvercle spécial qui absorbe la chaleur du soleil. Exposées au soleil, et donc sans électricité, sans rien, juste avec le soleil, l'équipe de NaDeet fait cuire des gateaux, du pain, du riz... tout quoi. Comme ça. On a regagné la ferme Tok Tokkie à pied. On a retrouvé nos 4x4, on a vidé pour la énième fois le sable rouge de nos chaussures. On a dit au revoir au NamibRand. On a roulé vers le désert du Kalahari pour notre dernière nuit en Namibie. On a eu des chauves-souris dans notre chambre en guise de cadeau de départ. Puis on est parti le lendemain. Et on s'est dit que ce voyage était fou, et qu'on a tellement bien fait de le faire. Maintenant. Et qu'on aura plein de choses à raconter en rentrant.